C13 – Une vie, Maupassant

Une vie relate les désillusions de Jeanne, la fille d’un baron qui n’a longtemps imaginé sa vie qu’au travers du « prisme idéalisant de ses rêves » et qui sombre dans le malheur. C’est un roman pessimiste.
Les personnages principaux :
Jeanne : c’est le personnage principal de l’histoire, une belle et naïve jeune femme blonde aux yeux bleus, dont on va suivre l’évolution. Elle sort tout juste du couvent au début du roman. Né de bonne famille – son nom complet est Jeanne Le Perthuis des Vauds -, elle croit au prince charmant qu’elle pense trouver en la personne de Julien. Mais sa vision de la réalité est tronquée. Elle se rend compte – trop tard ! -, de l’hypocrisie de son mari et de sa bestialité sexuelle. A cause de lui, Jeanne va mener une existence médiocre. Ce n’est donc pas une héroïne au sens classique du terme.
Julien de Lamare : mari de Jeanne. C’est un homme rustre, dur, avare et colérique. Il n’éprouve pas de sentiments véritables pour Jeanne.
Rosalie : c’est la sœur de lait et la domestique de Jeanne, une paysanne de bon sens dévouée entièrement à sa maîtresse. Elle va se faire engrosser par Julien.
Comparez Jeanne à Emma Bovary, l’héroïne malheureuse de Flaubert. Le personnage de Jeanne est d’ailleurs directement inspiré d’elle.
« Une vie est un tableau réaliste des aléas de la vie »
Maupassant décrit avec réalisme les drames successifs de l’existence de Jeanne : son mari qui la trompe, qui la violente, son fils qui dilapide sa fortune, etc. C’est une peinture juste mais dure. Comme celle des mésaventures de la pauvre Fantine, réduite à se faire couper les cheveux, arracher les dents, et même à se prostituer pour venir en aide à la petite Cosette. Le roman se veut un miroir de la société et de ses injustices.
Les grands thèmes d’ Une vie :
La désillusion féminine : Une vie présente un tableau réaliste de l’oppression féminine dans un milieu social donné. Jeanne, une jeune femme pure mais mal préparée aux épreuves de la vie, s’enfonce progressivement dans le malheur.
La petite noblesse de province : Avec Jeanne, Maupassant nous décrit un milieu social précis : celui de la petite noblesse de province. Le sobre portrait de Jeanne, d’abord jeune fille issue du couvent, puis femme mariée dominée par son époux et piégée dans le mariage (conclu pour toute la vie à l’époque) est tout de même emblématique de la condition des femmes dans ce milieu, à la fin XIXème siècle.
Le romantisme de Jeanne : Cette jeune fille a des tendances romanesques affirmées. Isolée du monde – elle a grandi dans un couvent -, elle n’est pas prête à affronter la dure réalité de la vie. Elle est passionnée de nature, rêve d’aventures et de grand amour. Mais sa vie n’est que tristesse et nostalgie. Son romantisme s’exprime dans sa passion pour la nature (la mer, la Corse, la campagne normande), ses rêveries, sa soif d’amour (elle attend l’homme de sa vie), son désir d’aventure (cela lui rendra sa vie plate d’autant plus insupportable), sa tristesse, son ennui (typique des romantiques), sa nostalgie.
L’erreur à éviter quand on parle d’ Une Vie : c’ est un roman naïf qui raconte la vie d’une jeune femme à la campagne.
Une vie est tout sauf un roman d’amour, plein de naïveté. C’est l’histoire d’un grand malheur, celui de Jeanne, qui souffre toute sa vie à cause d’un mauvais mariage, puis à cause de son fils. Son histoire est touchante car elle reflète un aspect réaliste : celui d’une condition (féminine), d’un milieu (petite bourgeoisie provinciale) et d’une époque (la seconde moitié du dix-neuvième siècle).
Les citations importantes :
« La seule vérité qui ne mente pas est la souffrance. »
« L’être moral de chacun de nous reste éternellement seul par la vie.»
« Elle ne disait plus rien, les yeux baissés, révoltée toujours dans son âme et dans sa chair, devant ce désir incessant de l’époux, n’obéissant qu’avec dégoût, résignée, mais humiliée, voyant là quelque chose de bestial, de dégradant, une saleté enfin ».
« Et elle se mit à rêver d’amour. L’amour ! Il l’emplissait depuis deux années de l’anxiété croissante de son approche. Maintenant elle était libre d’aimer ; elle n’avait plus qu’à le rencontrer, lui ! Comment serait-il ? Elle ne le savait pas au juste et ne se le demandait même pas. Il serait lui, voilà tout. »
« Alors elle songea ; elle se dit, désespérée jusqu’au fond de son âme : » Voilà donc ce qu’il appelle être sa femme ; c’est cela ! c’est cela ! » Et elle resta longtemps ainsi, désolée, l’oeil errant sur les tapisseries du mur… «
« La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit »